Image
Un pilote et son copilote aux manettes dans la cabine d'un avion commercial.

Pourquoi la blockchain ravit compagnies aériennes et passagers

4 jan. 2019 - 2 min

La blockchain permettrait d’établir un véritable registre des pilotes en gardant une trace centralisée des données, alors que ces informations sont aujourd’hui éparpillées sur une multitude de supports informatiques voire papier. Les clients apprécieront l’argument sécurité.

Avec un trafic aérien qui double tous les 15 ans, le parc actuel d’appareils devrait aussi doubler pour atteindre 48 000 avions environ en 2037, tandis que Boeing estime  le besoin de nouveaux pilotes à 637 000 d’ici là. Cette croissance à grande vitesse pose déjà un  sérieux problème en matière de suivi des pilotes et des appareils, dans un domaine où la sécurité est primordiale. 

Comment s’y retrouver compte tenu de la multitude de registres existants, et du besoin de compiler les formations, diplômes et heures de vol, qui assurent leur compétence ? Que les futurs passagers se rassurent. Un début de réponse apparait avec la blockchain. Cette technologie de registre d’information numérique distribué et décentralisé qui permet de stocker et transmettre des données de manière plus fiable et transparente. « L’idée fondamentale, c’est de passer du traitement des documents à un traitement des données, la blockchain venant assurer l’intégrité de ces données, avec un émetteur, et une signature électronique », explique Michel-Ange Camhi, chief data officer de Bureau Veritas.

L’idée est de créer un véritable carnet de santé numérique, qui faciliterait la consultation des informations, par exemple à l’occasion d’un transfert de pilote d’une compagnie à l’autre. Sachant que la masse des données à centraliser est énorme : les pilotes doivent détenir diplômes, permis, validation des épreuves théoriques, tout en consignant les heures de vol sur tel ou tel appareil, les visites médicales. Bref, leur dossier est épais, et souvent éparpillé entre les bases de données informatiques et papier. D’où l’intérêt de mettre en place un système fiable et offrant plus de confiance.

Une étude d’impact en préparation

Aujourd’hui, des POC (proof of concept) techniques et métiers ont été menées avec la blockchain, mais les travaux sont encore dans une phase d’expérimentation. Le rôle d’une autorité centrale reste primordial pour coordonner ces travaux, et pour une question de gouvernance, compte tenu de la multiplicité des acteurs (compagnies aériennes, autorités de régulation) présents partout sur le globe. Ce n’est pas pour rien que l’AESA, l’agence européenne de la sécurité aérienne, a lancé un appel d’offres concernant une étude d’impact de la blockchain dans le secteur aérien, en termes juridique et règlementaire. Avec une question primordiale : comment améliorer la qualité et la confiance autour du trafic aérien ?

Bonne nouvelle, les applications de la blockchain sur la sécurisation des vols dépassent le simple cas des pilotes. Le même type de démarche peut être mené sur les pièces détachées d’aéronefs et leur assemblage, pour tracer l’ensemble des contrôles qualité, depuis la création de la pièce, avec ses matières premières, jusqu’à sa livraison et son installation. En somme, une véritable carte d’identité numérique, qui est encore au stade de la réflexion, mais avec un retour sur investissement assez évident si cela permettait d’optimiser les contrôles qualité en évitant la duplication des procédures. L’armée américaine songerait ainsi à un tel usage pour ses avions.

Un  carnet numérique de suivi aussi pour les aéronefs

Dernier intérêt d’une blockchain appliquée à l’aviation : l’établissement d’un carnet de santé pour les aéronefs eux-mêmes (avions et hélicoptères) avec un intérêt financier majeur. L’état général et le degré de maintenance des appareils a un impact direct sur leur valeur, dans un marché ou le leasing et la revente représentent des centaines – voire des milliards d’euros. « Détenir un passeport de navigabilité participe à l’établissement de la valeur de l’appareil », constate Michel Ange Cahmi, avec une nouvelle fois une masse de documents à digitaliser, qui recense les vols, les incidents éventuels, les opérations de maintenance et les inspections menées. Toutes ces solutions ne sont pas encore en place, mais à l’étude, et suscitent une certaine attraction. Il se murmure d’ailleurse la création imminente d’un consortium aérien autour de la blockchain avec de grands noms du secteur.

Besoin d'une information ?

Cliquez-ici