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Jeune cadre portant un costume et un masque anti-pollution

L'air de votre bureau est-il plus pollué que celui de la rue ?

21 jan. 2019 - 3 min

Nous passons 80% de notre temps dans des espaces intérieurs. Ceux-ci sont pourtant jusqu’à 5 à 10 fois plus pollués que l’air extérieur. Des mesures, parfois simples, existent pour améliorer la qualité de l'air intérieur. Démonstration.

Le débat sur la pollution de l’air ne devrait pas se focaliser que sur les voitures : il y aussi beaucoup à dire sur l’air que nous respirons fenêtres fermées… Ce ne sont plus le CO2 et les oxydes de soufre qui posent problème, mais le formaldéhyde, l'acétaldéhyde, le benzène…

Présents dans les meubles, les solvants des peintures murales, ou les matériaux de construction, ils polluent l’air jusqu’à « cinq à dix fois plus » que l’air extérieur, comme le résume l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur. « Ces espaces intérieurs, logements, bureaux, transports ou écoles, où nous passons près de 80% de notre temps, souffrent souvent d’être trop confinés et pas assez aérés », explique Christelle Nicolet, responsable du service Air intérieur chez Bureau Veritas Laboratoires, spécialiste des analyses d’air intérieur et d’émissions de matériaux. 

Avec ses équipes, elle a l’habitude de faire la chasse à ces « composés organiques volatils » (COV) – nom donné à ces agents polluants. « Dans les pays industrialisés, entre 25% et 30% de la population est aujourd’hui allergique. Rien qu’en France, nous comptons 3,5 millions d’asthmatiques et 50.000 personnes souffrant d’insuffisances respiratoires graves », résume Christelle Nicolet. L’enjeu économique est considérable, estimé entre 10 et 40 milliards d’euros par an en France, selon l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur, dont 1 milliard d’euros rien que pour le remboursement des médicaments antiasthmatiques ».

Heureusement, il est souvent facile de les reconnaître. « Un dégagement d’odeur est toujours un symptôme important à prendre en compte », nous précise notre experte. Souvenez-vous de ce meuble en kit acheté récemment… Cette fameuse odeur de neuf, il vaut mieux ne pas s’en délecter à pleines narines: il y a de très fortes chances que cela soit du formaldéhyde. On en trouve dans les colles et les peintures de meubles. Dans les tissus de nos canapés, coussins ou nos chaises également. Mais aussi dans les vernis à ongle, les bougies assainissantes, les désodorisants…

Pas question de se débarrasser de tous ces objets, mais il faut savoir à quoi s’en tenir. Ainsi, évitez d’aménager la chambre du bébé au dernier moment. Meublez dès que possible et laissez les fenêtres ouvertes un long moment ensuite. Cela n’empêchera pas les émanations, mais aidera à les évacuer. Sinon, les risques sont légions : maux de tête, irritations des voies respiratoires, yeux, nez ou gorge, pour les plus fréquents.

Et ces risques ne sont pas anodins, si vous vous trouvez incommodés au bureau, où ouvrir les fenêtres est parfois impossible par mesure de sécurité, vous pouvez demander au CHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) ou au CSE (Comité social et économique) de faire intervenir des experts habilités. Un défaut de ventilation est souvent la cause de ces problèmes, et les préconisations apportées peuvent rapidement apporter des solutions efficaces.

« Ce sont les matériaux de construction qui contribuent le plus à cette pollution intérieure par des COV, à hauteur de 70%, précise Christelle Nicolet. Vient ensuite le mobilier, pour 20%, les désodorisants, 6%, les produits ménagers, pour 3% et enfin, pour 1%, les insecticides. » 

Des actions préventives autour de ces substances sont engagées. Depuis 2013, des étiquettes classant les « émissions dans l’air intérieur » sur une échelle allant d’A+ à C sont apposées sur les produits de construction, comme les pots de peinture par exemple. Pas forcément très visible sur les packagings, mais les effets se font déjà sentir. « En cinq ans, nous avons pu noter de grandes améliorations. Ce n’est qu’une moyenne, et cela dépend évidemment des catégories, mais l’on tend aujourd’hui vers les 80% de produits obtenant une note en A+ », se réjouit Christelle Nicolet. C’est le signe que les industriels font des efforts.

Bonne nouvelle, ce système d’étiquetage va bientôt s’élargir aux meubles, à compter de 2020, selon le même principe. « C’est une bonne chose car, sur le mobilier, nous partons souvent de loin, explique l’experte. Beaucoup d’industriels ont d’ores et déjà pris ce sujet à bras-le-corps et les progrès que nous pouvons constater sont déjà tangibles. » Vivement 2020 donc !

Contribution à la pollution de l’air intérieur suivant les catégories de produits

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Contribution à la pollution de l’air intérieur suivant les catégories de produits. *Source : H. Guo, Building and Environment, 2011, Source apportionment of volatile organic compounds in Hong Kong homes.

*Source : H. Guo, Building and Environment, 2011, Source apportionment of volatile organic compounds in Hong Kong homes.

 

Exemple d’étiquette informant sur les émissions dans l’air intérieur que l’on peut retrouver par exemple sur les pots de peinture.

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Exemple d’étiquette informant sur les émissions dans l’air intérieur que l’on peut retrouver par exemple sur les pots de peinture.

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