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Photographie d'une jeune femme au travail, devant son ordinateur et souffrant de douleurs de la nuque et du dos

Santé au travail : combattre les troubles musculo-squelettiques 

16 sep. 2019 - 2 min

Dans un entrepôt logistique, assis devant son ordinateur ou en opérant les vendanges, les employés n’ont pas conscience que les petits gestes du quotidien peuvent entraîner de véritables troubles musculo-squelettiques (TMS). Comment les prévenir ? Le MagBV vous explique.

Si des douleurs aux articulations ou au dos peuvent sembler anodines, elles sont en réalité un véritable problème pour l’entreprise. En 2015, les troubles musculo-squelettiques (TMS) représentaient plus de 87% des maladies professionnelles, soit un coût moyen de 21 000 euros par TMS pour l’employeur. Au total, 10 millions de journées de travail seraient ainsi perdues chaque année en France, pour un coût total qui s’élèverait à 2 milliards d’euros, sans compter la perte de production, l’impact sur les autres travailleurs, etc.

Tout le monde est concerné

Tous les métiers sont potentiellement sujets aux TMS. Les professions liées à l’industrie, aux transports ou à la distribution sont les plus touchées, puisqu’il s’agit de métiers où les corps sont exposés à de lourdes charges et/ou à des vibrations constantes, avec des gestes répétés. « La problématique des TMS est qu’elle concerne tous les types d’entreprises », explique Virginie Larroudé, Consultante en maîtrise des risques SSE qui intervient dans tous les types d’entreprises : « Nous sommes beaucoup sollicités par des entreprises qui disposent de postes de manutention, les métiers de logistique, la préparation de commandes, des chaînes de conditionnement, et toute la partie la production ». Cependant, les métiers de service sont de plus en plus concernés : une mauvaise position en face de l’écran d’ordinateur ou un clavier mal orienté suffisent à provoquer lombalgie ou syndrome du canal carpien.

« Les TMS ont des origines multifactorielles » explique Frédéric Caillaud. « Leur apparition va dépendre de la condition physique de la personne, de l’environnement de travail, de l’ergonomie du poste de travail et de facteurs psychosociaux. » Âge, mode de management, équipement, organisation des espaces de travail, règles de sécurité… sont autant de facteurs aggravant ou au contraire atténuant les TMS.

Quelles solutions ?

L’entreprise et le travailleur peuvent donc agir sur un nombre important de paramètres pour prévenir les TMS. L’employeur peut d’abord s’équiper en matériel plus ergonomique, pour assurer une bonne posture et diminuer le stress corporel engendré par les gestes répétés.

L’encadrement du travail doit aussi être adapté : la santé mentale des employés a un impact physiologique. Dans de mauvaises conditions, ce stress psychologique se traduira physiquement par des TMS. Des rythmes de travail raisonnables, un management humain ou encore une meilleure gratification du travail amélioreront les aspects psychosociaux et organisationnels de l’entreprise et réduiront d’autant les apparitions de TMS.

« Cependant, si une bonne ergonomie et une bonne ambiance de travail sont importantes, elles n’éliminent pas totalement les risques de TMS », ajoute Frédéric Caillaud. « Il est nécessaire de former et sensibiliser les opérateurs aux TMS. Je pense notamment aux formations Gestes et Postures dispensées depuis longtemps dans les entreprises. Mais elles ont un impact limité dans leurs effets et dans le temps. Pour les rendre plus efficaces, on peut opter pour une pédagogie plus ludique, avec mise en scène en temps réel des employés. Filmés, ils peuvent observer via des dispositifs techniques les points de tension exercés par leurs gestes sur leurs articulations. C’est très concret, donc plus impactant. Enfin, grâce au numérique, des bornes d’e-learning directement implantées sur les lieux de travail permettent aux employés d’avoir des rappels de formation. » Car c’est par la répétition que sont intégrées les bonnes pratiques.

« Lorsque l’on est missionné par un client, notre intervention s’articule en trois étapes, explique Virginie Larroudé. Nous commençons par récupérer les données sur d’éventuels accidents ou maladies professionnels préalables, les durées, les conditions, et les types de douleurs ». Une prise d’information qui s’accompagne d’une visite sur place : « nous observons les personnes concernées les filmons et à l’aide d’un logiciel spécial, mesurons les angles, les durées d’expositions à certaines machines, afin de caractériser les contraintes », détaille la spécialiste. Dernière étape, la formalisation auprès de l’encadrement des recommandations et du plan d’action à mettre en œuvre afin de limiter les risques de TMS. Une mission d’environ 3 jours, qui peut changer la vie des employés.

Et comme il vaut mieux prévenir que guérir, de plus en plus d’entreprises anticipent et font appel à des spécialistes de l’ergonomie lors de la conception d’un bâtiment ou bien d’une usine. « Cela permet d’éviter la surprise au moment où une machine arrive sur site, et que tel ou tel bouton ne soit pas au bon endroit : avec la répétition des tâches et des mouvements il engendrerait des douleurs », conclut Virginie Larroudé.

 



Quelques gestes à adopter

En complément des formations Gestes et Postures organisées par l’entreprise, les travailleurs peuvent aussi adopter une série de gestes recommandés par l’INRS, qui préviendront l’apparition des TMS. Il s’agit pour l’essentiel de mouvements de renforcement musculaire, notamment autour des articulations, et d’étirements, qui soulageront les tendons.

> Activité musculaire : le travail de bureau est un travail la plupart du temps assis. L’engourdissement des muscles du fait de l’inactivité peut entraîner des TMS. Aussi, il est recommandé de passer régulièrement en position debout. Cela a pour effet de faire travailler les jambes et le dos, et d’interrompre les gestes répétitifs du travail sur ordinateur.

> Étirements du dos et des épaules : vous pouvez décontracter les différents muscles de votre dos en faisant quelques gestes simples. Lever les épaules vers les oreilles en maintenant la position quelques secondes ; tirer les bras tendus vers l’avant… La répétition de ces gestes simples au moins deux fois par jour détend les muscles.

> Étirements du poignet et de la main : le syndrome du canal carpien est un mal grandissant. Pour diminuer les risques d’apparition, tendez l’un de vos bras, paume vers le haut, puis à l’aide de votre autre main, pliez doucement le poignet vers le bas, jusqu’à ressentir une tension. Maintenez cette position quelques secondes, et répétez l’exercice avec l’autre poignet.