À Saint-Nazaire, au cœur du « bilan de santé » du pont à haubans le plus long de France
Surplombant la Loire, l’emblématique pont à haubans fait l’objet de contrôles réguliers. Comment maximiser la fiabilité de l’ouvrage et la sécurité de ses usagers ? Éléments de réponse avec un expert de Bureau Veritas.
Dans le cadre du plan France Relance, 350 millions d’euros ont été affectés à la modernisation du réseau routier national et au renforcement des ponts. Selon une mission d’information du Sénat, il existe en France entre 200 000 et 250 000 ponts, dont près de la moitié est gérée par les départements. C’est le cas du pont à Haubans le plus long de France, celui de Saint-Nazaire, propriété du département Loire-Atlantique depuis son inauguration en 1975.
Cinq semaines d’inspection
Long de 3,5 kilomètres, ce pont à haubans qui enjambe l’estuaire de la Loire est surveillé avec attention. Une patrouille de collaborateurs départementaux ont effectué ainsi au moins quatre passages par jour sur le pont. Au-delà de ces contrôles quotidiens, des inspections périodiques obligatoires ont eu lieu à intervalles réguliers (annuel, triennal...) : la plus détaillée s’effectue tous les six ans. Lors de la dernière inspection minutieuse de ce genre, en 2017, Bureau Veritas est intervenu pour le compte du département durant cinq semaines, passant au peigne fin les viaducs Nord et Sud (poutres, équipements, appareils d’appui…), ainsi que les portiques de signalisation.
“Cette mission a pour but d’établir un bilan de santé de l’ouvrage (relevé de pathologies, désordres…) et d’établir la liste des suites à donner en termes de mesures de sauvegarde, propositions de surveillance renforcée, investigations complémentaires et programme de travaux à réaliser”, explique Jérémy Gilbert, chargé d’affaires pour Bureau Veritas. A l’aide d’une nacelle négative, permettant d’inspecter la construction par en dessous, les collaborateurs mobilisés (deux équipes de deux personnes, une par viaduc) doivent pouvoir toucher directement, de leurs mains, les matériaux inspectés.
Éclats de béton, fissurations et autres déformations éventuelles sont particulièrement guettés, afin de préconiser ensuite les traitements nécessaires pour garantir la sécurité de l’ouvrage. Tout comme la circulation sur le pont, l’inspection est tributaire des conditions météorologiques : en cas de grand vent - la nacelle est équipée d’un anémomètre -, il faut remballer.
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Plus besoin d’éléphants pour rassurer
Depuis cette inspection, Bureau Veritas a réalisé plusieurs missions de diagnostic ou d’assistance technique, avec notamment en 2020 la vérification du montage et de la pose de passerelles piétonnes définitives d’accès en sous face du viaduc Nord. Ce type d’installation permet aux employés du département de réaliser des contrôles sous la structure du pont sans pour autant faire appel à des nacelles négatives. Il est loin le temps où, pour rassurer les automobilistes à quelques jours de l’ouverture du pont, on y faisait déambuler deux éléphants de cirque pour en garantir la solidité.
45 ans après la mise en service du pont de Saint-Nazaire, l'attention approfondie dont il bénéficie ne doit pas faire oublier les enjeux de sécurité sur le reste du territoire. Selon la mission d’information sur la sécurité des ponts, “l'état des ponts routiers s'est dégradé de manière continue ces dernières années et est aujourd'hui préoccupant (…) Sur l'ensemble du patrimoine routier, il y a a minima 25 000 ponts dont la structure est altérée ou gravement altérée”. Tant pour la sécurité des usagers que pour le maintien en service des voies de communication (et donc de l’activité économique), l’importance des inspections détaillées comme celles assurées à Saint-Nazaire par Bureau Veritas est plus que jamais d’actualité.