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Élevages bas carbone : les méthodes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre

Élevages bas carbone : les méthodes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre

10 juin. 2021 - 2 min

Conscientes de l’urgence climatique, les filières lait et viande bovine ont créé un référentiel innovant pour aider les agriculteurs à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Ces derniers prennent des engagements très précis, certifiés par Bureau Veritas.

Émissions de gaz à effet de serre, utilisations de produits phytosanitaires, consommation d’eau et d'énergie… L'élevage bovin et ses conséquences sur l'environnement sont souvent pointés du doigt.

Conscients de ces enjeux, les éleveurs de ruminants se sont engagés à réduire de 15 % à 20 % l’empreinte carbone du lait et de la viande d’ici à 10 ans. Pour atteindre cet objectif ambitieux, les initiatives se multiplient sur l’ensemble du territoire. Ainsi, 300 éleveurs de bovins regroupés au sein de France Carbon Agri Association (FCAA) entendent réduire ensemble l’émission de 137 000 tonnes de CO2 sur cinq ans, ce qui représente la consommation annuelle de 12 454 Français. Une économie moyenne de 461 tonnes par élevage est visée, soit 7 % de leurs émissions de CO2.

Ce projet, qui a obtenu le label carbone délivré depuis 2018 par le ministère de la Transition Écologique et Solidaire, permet à ces éleveurs vertueux de vendre des crédits carbone à des entreprises ou des collectivités publiques. « Les éleveurs bovins sont précurseurs dans cette démarche, car ils sont parmi les premiers à avoir créé un indicateur adapté à leur filière », souligne Emmanuel Audoin, Responsable Innovation Food de Bureau Veritas. Une initiative verte qui permet aux éleveurs de toucher un complément de revenu : « La tonne de CO2 évitée est payée 30 euros à l’éleveur », précise Catherine Brocas, responsable du projet carbone bovins lait chez FCAA.

Éviter le ‘green washing’

Mais pour pouvoir vendre ces crédits « carbone », les éleveurs doivent montrer « patte blanche » et démontrer qu’ils ont réellement réduit leurs émissions de gaz à effet de serre. Car le sujet est sensible. « Pour éviter tout risque de ‘green washing’ l’ensemble des acteurs - les éleveurs ainsi que les entreprises qui achètent les crédits carbone - ont besoin que tout soit certifié. Il y a une exigence de crédibilité très forte », insiste Emmanuel Audoin. C’est pourquoi, France Carbone Agri Association a fait appel aux services de Bureau Veritas pour certifier la démarche des éleveurs.

Concrètement, que font les éleveurs ?

Dans un premier temps, les éleveurs engagés dans une démarche bas carbone doivent réaliser un bilan carbone en utilisant l’outil CAP’2ER® - pour Calcul Automatisé des Performances Environnementales en Élevage de Ruminants - développé par les filières d'élevage de ruminants. « Cet outil permet de réaliser une évaluation fine de l'empreinte environnementale de l’élevage et d'identifier des marges de progrès pour construire des plans d'action », détaille Alexandre Charrier, responsable d’affaires chez Bureau Veritas Certification. Chaque élevage ayant ses propres spécificités (nombre d’animaux, surface, position géographique…), il n’y a pas d’exigences prédéfinies, tient-il à préciser. Une fois le diagnostic posé, l’agriculteur choisit parmi un catalogue de mesures, celles qu’il décide de mettre en place. L’outil calcule alors la réduction d’émissions de gaz à effet de serre qui en découle.

Les possibilités sont larges. « L’éleveur peut s’engager à modifier la façon dont il nourrit ses animaux en donnant aux vaches plus de fourrages produits sur l’exploitation et réduire les quantités de protéines qui sont souvent importées, explique Catherine Brocas. Ou décider de remplacer les protéines de soja, souvent associées à la déforestation au Brésil, en les remplaçant par du tourteau de colza produit en France. » Autres possibilités : augmenter le stockage de carbone via la plantation de haies ou d’arbres sur son exploitation, créer une unité de méthanisation ou décider de réduire sa consommation de carburant.

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Une certification en deux étapes

Pour s’assurer que ces engagements très précis sont bien respectés, le processus de certification est divisé en deux étapes.

  • Les experts de Bureau Veritas vérifient dans un premier temps que chaque éleveur engagé dans cette démarche bas carbone a réalisé un diagnostic via l’outil CAP’2ER® et qu’un représentant de France Carbone Agri Association s’est rendu dans tous les élevages pour assurer un contrôle interne.  
  • Dans un second temps les experts se rendent dans les fermes pour réaliser une série de mesures et de contrôles.

« Nous sélectionnons un échantillon d’agriculteurs pour vérifier sur le terrain que les engagements pris par les éleveurs sont bien respectés, précise Alexandre Charrier. Tout est normé et mesurable. Si l’exploitant a décidé d’augmenter les surfaces de pâturage, nous allons pouvoir le vérifier sur place en mesurant les prés disponibles et en contrôlant ses déclarations annuelles à la politique agricole commune ».

Fort de cette première expérience, FCAA compte décrocher la certification d’un second projet collectif regroupant 1 300 agriculteurs supplémentaires d’ici à fin 2021.

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