Bureau Veritas met l’hydrogène en route
Clap de fin pour les voitures thermiques, interdites à la vente dès 2035 au sein de l’Union européenne. Si l’électricité semble plébiscitée pour remplacer essence et diesel, une technologie complémentaire fait son chemin : l’hydrogène. Bien connu des industriels, ce gaz pourrait révolutionner les mobilités… Fort de son expertise sur le sujet, Bureau Veritas accompagne la structuration de la filière, comme en région Auvergne-Rhône-Alpes avec le projet « Zero Emission Valley ».
C’est le dilemme de l’œuf et de la poule : impossible de développer un nouveau mode de propulsion pour les véhicules sans proposer aux utilisateurs un réseau de recharge structuré. L’un ne va pas sans l’autre mais dans quel sens avancer ? HYmpulsion prend le problème à bras le corps en investissant massivement dans des stations hydrogène. Ce partenariat public-privé entre la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Engie, Michelin, la Banque des Territoires et le Crédit Agricole se fixe un objectif ambitieux : 20 stations opérationnelles d’ici à la fin 2024, dans le cadre du projet Zero Emission Valley (ZEV) porté par la Région. « Notre ambition ? Décarboner la mobilité ! résume Laurence Minne, chef de projet Hydrogène au Conseil régional. ZEV vise à faire de notre territoire un pionnier en la matière. »
« Ce projet répond à une stratégie précise, souligne Simon Aulagnier, directeur technique d’HYmpulsion. Il ne s’agit pas de construire de façon sporadique des stations, mais bien de créer un maillage structuré au sein la région, pour assurer aux utilisateurs une véritable itinérance. » La station test de Chambéry, déjà opérationnelle, sera complétée par 5 nouveaux points de recharge d’ici à la fin mars 2023, pour créer une interconnexion Est-Ouest dans la région, entre Moûtiers et Clermont-Ferrand. La construction d’un nouveau lot de 5 stations vient de démarrer, visant à renforcer la métropole lyonnaise et commencer le maillage de l’axe Nord-Sud.
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Une mobilité pratique, économique et écologique
Visuellement, ces zones de recharge hydrogène sont en tous points comparables avec les stations-service classiques. Même le geste reste identique : l’utilisateur relie la pompe à son véhicule pour faire le plein de gaz, soit environ 6 kg d’hydrogène pour une berline. La durée du remplissage dépend de la température extérieure et varie entre 5 et 10 minutes. De quoi assurer ensuite une autonomie de 600 km.
Côté prix, une recharge pourrait, à terme, devenir au moins aussi compétitive que l’essence ou qu’une recharge électrique rapide. Principal coût : l’énergie, qui compte pour 60 % du prix en raison de l’électricité nécessaire à l’électrolyse (un des processus de fabrication de l’hydrogène), sa compression puis son transport jusqu’aux points de distribution. « Le projet ZEV compte 3 stations de production, réparties sur le territoire et alimentées par des énergies renouvelables pour optimiser les coûts et réduire l’empreinte carbone » précise Simon Aulagnier. Car c’est le principal atout de l’hydrogène : sa consommation par une voiture rejette uniquement de la vapeur d’eau. En prenant en compte tout son cycle de vie, ses émissions totales sont 4 à 5 fois moins importantes que celles de l’essence.
Directeur technique Hydrogène
Hympulsion
Ce projet répond à une stratégie précise. [...] Il ne s’agit pas de construire de façon sporadique des stations, mais bien de créer un maillage structuré au sein la région, pour assurer aux utilisateurs une véritable itinérance.
Des exigences de sécurité
Si son usage est nouveau dans la mobilité, l’hydrogène est utilisé depuis des décennies dans le monde industriel. Ses propriétés et ses dangers sont parfaitement connus. Un atout pour élaborer des protocoles stricts qui assurent la sécurité des installations comme celle des utilisateurs. « L’une de nos interventions sur le projet consiste à s’assurer de la conformité des sites, avec des audits lors de la conception des équipements, en cours d’assemblage puis avant la mise en service, détaille Pierre Sureau, chef de projet risque industriel chez Bureau Veritas. Nous disposons de l’expérience et des compétences pour vérifier ces installations sensibles. Et face à une réglementation en pleine évolution, nous essayons d’anticiper les futurs changements, pour nous inscrire dans la durée sans brider l’innovation. »
En terme de sécurité, un point crucial concerne les cyberattaques dont pourraient être victimes les stations, cibles de choix pour les pirates informatiques. Bureau Veritas assure une mission complète pour valider les dispositifs de prévention de ce risque.
HYmpulsion a également mandaté Bureau Veritas pour certifier l’empreinte carbone de l’hydrogène produit et utilisé dans le projet. Cette certification est réalisée suivant le schéma développé par Bureau Veritas, dans le but d’apporter de la confiance et d’éviter le « greenwashing ». « Bureau Veritas agit comme un véritable tiers de confiance, estime Simon Aulagnier. Un expert opérationnel qui nous accompagne sur tous nos enjeux stratégiques. »
Enclencher la dynamique
Avec ZEV, la région Auvergne-Rhône-Alpes bâtit un réseau mais finance aussi des véhicules à hydrogène. Plus de 500 unités devraient bientôt entrer en service, dont des bus de collectivités. Aujourd’hui, seuls les professionnels ont accès au réseau de stations HYmpulsion, comme les taxis, les utilitaires, les bus et les cars. « Les propriétés de l’hydrogène en font un carburant plutôt propice aux usages intensifs, explique Simon Aulagnier. Avec les véhicules à batterie, il s’agit de deux propulsions complémentaires, qu’il ne faut pas opposer ! »
« Notre volonté reste la décarbonation, conclut Laurence Minne. La mobilité représente aujourd’hui 33 % de la consommation d’énergie de notre région, qui est en même temps celle qui produit le plus d’énergies renouvelables en France. Nous disposons d’un important levier pour agir sur nos émissions, ouvrir la voie et inspirer d’autres démarches. »
Un accompagnement sur toute la chaîne de valeur
Avec une expertise et une expérience reconnues, les équipes de Bureau Veritas interviennent dans toutes les phases des projets impliquant l’hydrogène :
- maîtrise des risques : études de dangers, revue du risque des procédés HAZOP...
- conformité à la réglementation : conformité CE, ATEX, équipements sous pression, machines...
- déploiement : audit fournisseurs, création d’outil d’aide à la décision avec données CAPEX et OPEX
- performances : plan de comptage,…
Bureau Veritas propose aussi des formations et assure un suivi de la conformité de l’hydrogène tout au long de son cycle de vie :
- production (certification de la provenance)
- stockage (sous toutes ses formes : comprimée, liquide et solide)
- transport (sous forme liquéfiée ou gazeuse)
- distribution (station de recharge sur voirie, sur un site privé,…)
- utilisation (mobilité, industrie, énergie,…).