Avec la certification ISO19443, la sûreté nucléaire monte en exigence
S’assurer du plus haut niveau de qualité de toutes les composantes d’un projet nucléaire : c’est l’esprit de la certification ISO 19443, selon ce nouveau référentiel international de système de management de la qualité. D’application volontaire, cette norme s’impose déjà comme une exigence incontournable dans de nombreux appels d’offres de l’industrie. Et les entreprises n’attendent pas pour obtenir leur certification. Le spécialiste en ingénierie nucléaire Oakridge a confié cette mission à Bureau Veritas.
« Se poser les bonnes questions sur ses pratiques pour améliorer ses processus et renforcer la culture de sûreté ». C’est ainsi que Cyrille Molina, Président d’Oakridge, résume sa vision de l’ISO 19443. Bureau d’ingénierie et de conseil spécialiste du secteur nucléaire, Oakridge est aussi l’une des premières sociétés d’ingénierie française certifiée selon ce nouveau référentiel. « Pour nous, il était inconcevable de ne pas répondre aux exigences de ce texte. Sûreté et qualité nucléaire sont notre vocation. À nos yeux, cette norme sonne comme une évidence. »
Si l’ISO 19443 a vu le jour en 2018, son élaboration a commencé en réalité bien avant, sous l’impulsion d’AREVA (devenu FRAMATOME), accompagné de Bureau Veritas. Le travail conjoint des 2 groupes a abouti au standard NSQ 100, tout premier standard harmonisé adopté par les fournisseurs de l’industrie nucléaire. « Passer à la création d’une norme basée sur ce standard répondait à un fort besoin d’homogénéisation et de standardisation des exigences, souligne Stéphane Galopin, directeur développement projet chez Bureau Veritas. La volonté : sensibiliser à la démarche l’ensemble de l’industrie nucléaire. En passant commande auprès d’un fournisseur certifié ISO 19443, un donneur d’ordres aura ainsi l’assurance d’un produit ou d’une prestation satisfaisant au plus haut niveau de rigueur, d’exigences de qualité et de sûreté. »
Des mesures concrètes pour la sûreté
Construite sur la même structure que l’ISO 9001, l’ISO 19443 couvre les exigences spécifiques nucléaires en adoptant des principes très concrets. Elle vise par exemple à lutter contre la contrefaçon ou la fraude, qui peuvent avoir des conséquences critiques dans une centrale nucléaire. Parmi les différents points audités, on retrouve notamment la culture de sûreté, le leadership ou l’approche graduée.
Exemple concret : la formation. L’audit de certification ISO 19443 inclut une évaluation de la sensibilisation des collaborateurs de l’entreprise à la sûreté nucléaire. La direction doit notamment s’engager à prendre des mesures de vérification supplémentaires pour s’assurer du bon respect des principes du texte. « Auparavant, lorsque nous recrutions un ingénieur chargé de travailler sur des produits ou services importants pour la sûreté nucléaire (IPSN), nous demandions une photocopie de son diplôme, raconte Cyrille Molina. Désormais, en fonction du niveau de risque des sujets traités par ce même ingénieur, nous pouvons aller jusqu’à prendre contact avec son école pour vérifier sa spécialisation, l’intitulé de sa formation et l’authenticité de son diplôme.
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Un avantage concurrentiel certain
Dès 2018, Oakridge a entamé ce travail de mise en conformité, dans un secteur déjà extrêmement réglementé. Le plus souvent, quelques ajustements seulement ont été nécessaires, avec un objectif d’exemplarité. « L’ISO 19443 reste une norme d’application volontaire, explique Maxine Lefebvre de Rieux, auditrice nucléaire chez Bureau Veritas. Mais les grands donneurs d’ordres, français et internationaux, l’intègrent de plus en plus à leurs cahiers des charges lors des appels d’offres. De fait, il sera rapidement indispensable d’être certifié pour accéder à ces marchés. L’ISO 19443 sera, par exemple, incluse dans les exigences des nouveaux projets EPR ! »
« Être un des premiers certifiés français sur ce référentiel nous donne un avantage concurrentiel certain » abonde Cyrille Molina. Avant l’audit de certification, Bureau Veritas propose aux entreprises candidates un pré-audit d’évaluation, afin de fournir un premier indicateur sur l’écart à combler. « L’auditeur de Bureau Veritas nous a parfois bousculés dans nos habitudes, pour nous challenger, nous pousser à nous questionner, et, au final, renforcer ou améliorer nos pratiques. » A travers cette certification, Oakridge s’engage aussi dans une démarche d’amélioration continue, pour réussir ses audits intermédiaires et son audit de renouvellement, prévu dans 3 ans. Plusieurs pistes sont déjà identifiées, et en cours d’implémentation.
Diffuser la bonne parole
Dès à présent, Oakridge compte creuser un sillon en particulier : celui de la sensibilisation. « C’est ainsi que nous comprenons l’ISO 19443 : un devoir d’inciter, d’aider, de conseiller toutes les parties prenantes à s’engager dans ce référentiel. C’est une culture de la sûreté à diffuser ou renforcer au sein de tout notre écosystème. Il ne s’agit pas de mener uniquement des actions en interne, mais d’agir pour que cette culture imprègne tout notre secteur d’activité. » Stéphane Galopin conclut : « La pertinence et la légitimité de la certification ISO 19443 reposent sur deux piliers : l’expertise des auditeurs, validée par une qualification formelle, et le schéma de certification accrédité, qui définit notamment le nombre de jours d’audit, et donc ainsi, l’homogénéité de l’évaluation d’un client à un autre, voire d’un organisme certificateur à un autre. » Tout ceci dans un seul but : faire tendre l’industrie nucléaire dans son ensemble vers plus d’efficacité, plus de qualité et répondre encore mieux aux exigences de sûreté, partout dans le monde. C’est la meilleure voie vers l’excellence.