Couverture des territoires : comment accélérer le déploiement de la fibre ?
Alors que la transition digitale se fait à vitesse grand V du fait de la crise sanitaire, la pose de la fibre optique n’en devient que plus urgente. Comment faire plus vite sans rogner sur la qualité des installations vouées à rester en service plusieurs dizaines d’années ? C’est une mission pour Bureau Veritas qui vérifie les installations et tente de contribuer à l’accélération du déploiement pour les Français. Exemple, dans l’Ouest, avec THD Bretagne.
Pour la plupart des gens, la fibre permettrait l’affichage plus rapide d’une page web ou la diffusion de vidéos de meilleure qualité sur les écrans, mais dans les coulisses, c’est un projet titanesque qui est en train de se jouer. Le raccordement des Français à la fibre optique pour un Internet plus rapide n’est pas une mince affaire. Au total, 18 millions de foyers sont éligibles. Cela fait autant de raccordements à réaliser et des milliers de kilomètres de câbles à installer... avec méticulosité.
“Le haut débit est une priorité en France car c’est un levier d’essor économique important, détaille Olivier JEGOU, directeur grands comptes chargé des clients télécoms chez Bureau Veritas France, et notamment dans les zones rurales, pour désenclaver certains secteurs géographiques”, et afin d’offrir à tout le territoire la même qualité de connexion. Et cette question prioritaire devient désormais vitale depuis l’éclatement de la crise sanitaire et l’accélération de la numérisation de l’économie, avec une forte croissance du télétravail, et de l’utilisation des outils numériques. C’est ainsi que le gouvernement a réaffirmé récemment ses priorités.
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Lancé en 2013, le plan “Très Haut Débit” visait à offrir à 100% des Français une connexion Internet de plus de 30 mégabits par seconde d’ici 2022, dont 80 % par la fibre optique. Un objectif ambitieux pour lequel 20 milliards d’euros ont été mis sur la table, dont 3,3 milliards par l’État. Et dans le plan #FranceRelance, le gouvernement a accéléré la mise en place du très haut débit en revoyant les objectifs à la hausse par la généralisation de la pose de la fibre optique pour toute la population à l’horizon 2025.
Directeur grands comptes Télécoms
Bureau Veritas France
Nous n’avons pas attendu le plan de relance de juin 2020 pour avancer compte tenu de la prééminence du sujet. Mais ce coup de projecteur actuel nous permet de nous assurer qu’aucune zone géographique n’aura été oubliée”, commente Olivier Jégou.
“Pour les zones densément peuplées, urbaines, qui représentent 60% de la population, les opérateurs privés ont décidé de réaliser ce déploiement sur leurs propres deniers”, continue-t-il. Mais dans les zones rurales, ce sont les collectivités territoriales qui mettent la main au portefeuille. C’est ici que l’organisation se complexifie car plusieurs acteurs entrent en jeu. Dans certains cas, il faut distinguer le propriétaire du réseau (la collectivité) qui fait concevoir puis construire son réseau THD (très haut débit) par un tiers - de l’entreprise qui l’exploite, l’entretient et le commercialise (via un contrat d’affermage, par exemple), - du fournisseur d’accès Internet (Orange, Bouygues Telecom, Free ou SFR…) auquel s’abonne le grand public. THD Bretagne, par exemple, est une filiale d’Orange à 100% : elle exploite techniquement et commercialise le réseau de fibre optique pour les fournisseurs d’accès sur les 4 départements bretons. “Lorsque nous exploitons et commercialisons, nous portons le risque économique. Par conséquent, nous devons vérifier que le réseau est construit dans les meilleures conditions possibles pour que, dans la phase de commercialisation au fournisseur d’accès, nous ne soyons pas importunés par des malfaçons”, détaille Christophe Hervé, directeur général de THD Bretagne. La société a fait appel à Bureau Veritas dans ce rôle important dès 2016. Car pour connecter les 1,3 million de foyers bretons au réseau de fibre optique, les difficultés sont nombreuses.
“De manière générale, pour les zones rurales, il n’y a pas d’infrastructures déjà en place, décrit Olivier Jégou. C’est beaucoup plus complexe qu’en zone urbaine où l’on peut glisser la fibre dans des fourreaux déjà existants. S’il manque un poteau, il faut en planter un nouveau et cela ne se fait pas de manière aisée.” Elaguer les arbres, s’assurer que rien ne soit arraché avec le temps et la croissance des végétaux, s’adapter aux difficultés du terrain... “Les constructions ont vocation à tenir 40 ou 50 ans, car elles remplaceront à termes tout le réseau cuivré”, ajoute Christophe Hervé. Il faut ainsi se prémunir contre les défauts qui pourraient voir le jour dans plusieurs années, et qui en cas de problèmes, seront à la charge de l’exploitant.
Le rôle de Bureau Veritas, avec plus de 80 personnes impliquées sur ce type de projets en France, se joue majoritairement en fin de travaux.
“Nous contrôlons la conformité du réseau par rapport au cahier des charges, c’est-à-dire comment il doit être construit et dimensionné pour en permettre l’exploitation et la maintenance”, explicite Olivier Jégou. Cela signifie, entre autres, mesurer la qualité des câbles via la réflectométrie qui correspond à la performance de la fibre, ou encore que la route optique soit respectée, que ce soit au niveau des réseaux dits de transport, des points de mutualisation – ces grandes armoires à l’entrée des villages par exemple – et jusqu’au point de branchement le plus proche du logement, en bas d’un immeuble, par exemple. C’est le travail quotidien des spécialistes dédiés à ce projet breton piloté chez Bureau Veritas par Freddy Chauvet, chargé d’affaires. “Il faut s’assurer que la bonne fibre aille au bon endroit, vérifier la qualité des travaux, des soudures... ” commente le spécialiste. “La présence de Bureau Veritas est fondamentale car c’est ce qui nous permet de mettre en commercialisation ensuite” insiste Christophe Hervé. Et en ces temps de crise il faut déployer vite et bien, car il en va de l’essor économique de nombre d’entreprises et d’institutions.
Si l’Etat a déjà simplifié les démarches administratives en 2018, pour accélérer la pose de la fibre dans les zones rurales, et éviter les nombreux labyrinthes de dossiers, il faut encore travailler pour gagner du temps. THD Bretagne et Bureau Veritas ont ainsi étroitement collaboré pour faire progresser les équipes et les faire monter en compétence. “Une partie du déploiement se fait sur des infrastructures existantes, comme des poteaux électriques ou téléphoniques. Les opérateurs doivent respecter des règles précises du bon usage de structures tierces, car on ne fait pas ce qu’on veut dans ce cas-là”, explique Christophe Hervé. Les deux entreprises envisagent de passer d’un contrôle en fin de travaux à un contrôle continu pendant les travaux. “Cela nécessite d’échanger en amont avec les constructeurs mais permettra de gagner du temps afin d’améliorer les pratiques pendant la pose même de la fibre”, détaille Olivier Jegou. En somme : plutôt que de régler les problèmes a posteriori, tenter de les régler avant même qu’ils ne se posent. “Les inspecteurs de Bureau Veritas pourraient intervenir dans la durée, sur le terrain, sous forme de coaching par exemple”, pointe Christophe Hervé. Des perspectives de développement qui à terme permettront d’accélérer les processus.