Transition agro-écologique, avec la certification HVE, les vignobles montrent la voie
Fleuron de l’agriculture française, les vignobles montrent la voie en matière environnementale. La transition agro-écologique y est en cours et les choses avancent vite grâce notamment au développement de la certification HVE, pour Haute Valeur Environnementale. Le MagBV fait le point sur cette démarche aujourd’hui en pleine accélération avec le plan #FranceRelance.
La France et le vin, c’est une longue histoire commune. Les deux semblent indissociables. C’est dire, alors, si les enjeux autour de la viticulture et de la viniculture ont leur importance. On dénombre, en France, quelque 70 000 exploitations viticoles, pour 750 000 hectares de vignes en production : si cela ne représente que 3 % de la surface agricole, c’est en revanche 15 % de la production agricole française en valeur. Et, forcément, avec de telles statistiques et compte tenu des spécificités de ces cultures, c’est aussi un domaine consommateur en pesticides : jusqu’à 10 à 15 % des pesticides utilisés dans l’agriculture d’après certaines sources.
Chronique de la certification des vignobles
Dès 1998, à une époque où les préoccupations environnementales n’étaient pas encore ce qu’elles sont devenues, de nombreux acteurs (Vignerons indépendants ou Caves coopératives) se lançaient dans la certification Agriculture Raisonnée.
Lire aussi:
Depuis, les choses ont bien évolué et la transition agro-écologique a considérablement avancé. Parmi les nombreuses initiatives prises figure par exemple, la démarche HVE, véritable certification officielle basée sur les bonnes pratiques environnementales des exploitations agricoles. En 2019, plus de 1 400 vignobles bénéficiaient déjà de cette certification, relevait le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Le principe ? Obtenir une certification de l’exploitation et non plus seulement de la production.
En clair : HVE atteste d’une excellence environnementale atteinte dans quatre grands domaines : la biodiversité (prises en compte des haies, des bandes enherbées, des bosquets, etc.), la stratégie phytosanitaire, la gestion de la fertilisation et la gestion de l’irrigation. Son obtention est encadrée par un cahier des charges très précis, contrôlé par des organismes tiers indépendants agréés par l’Etat, au nombre desquels figure Bureau Veritas Certification. « Si nous sommes un acteur majeur et historique sur le marché bio, nous le sommes aussi sur celui du HVE. Cette démarche est aujourd’hui un axe clé du plan de relance, présenté en septembre dernier, et nous sommes, chez Bureau Veritas, organisés au plus près des territoires pour accompagner les filières viticoles et vinicoles », précise ainsi Jean-Michel Audrain, Directeur Agro. au sein de Bureau Veritas.
Répondre à la demande des consommateurs
De la rénovation ou la construction de nouveaux chais, en passant par les mises aux normes des exploitations ou la mise en place de nouvelles manières d’envisager l’utilisation des intrants, ce ne sont pas les sujets qui manquent. Et toutes ces actions ont une vocation : encore mieux valoriser le savoir-faire français. S’engager dans cette démarche de transition, au-delà de ses vertus environnementales et sociétales, peut aussi – doit aussi ! – conduire à un avantage concurrentiel majeur. « Cela répond clairement à une demande des consommateurs et de la société », ajoute ainsi Jean-Michel Audrain, et cette certification HVE peut se révéler importante, demain, pour faire la différence et vendre davantage car cela crée un climat de confiance renforcé.
Deux ans pour certifier les 2 000 hectares restants
Cette analyse, Gabriel Ruetsch la partage. Il est le président de l’Union coopérative de Foncalieu, qui regroupe 650 vignerons du pays d’Oc, entre Carcassonne et canal du Midi, et qui, à bien des égards, fait figure de pionnier sur toutes ces questions. Dès le milieu des années 2000, la coopérative s’est fortement engagée. Ici, une parcelle expérimentale a été plantée avec des cépages nouveaux, plus résistants, donc permettant de diminuer la consommation d’intrants. Là, un réseau d’irrigation a été optimisé, pour mieux épouser les particularités du terroir. « Nous faisons beaucoup de choses, depuis longtemps, mais il nous fallait le normaliser, le faire savoir. La certification HVE nous est apparue parfaite pour cela », témoigne-t-il.
En 2019, à l’occasion d’une première campagne, 800 hectares de vignobles ont été certifiés, et une nouvelle vague en cours actuellement va en porter en cette fin d’année 2020 le total à près de 2 000 hectares, soit la moitié des vignes. « Nous nous donnons deux ans pour y passer la totalité des parcelles », assure Gabriel Ruetsch. En jeu : des considérations environnementales, évidemment, mais pas seulement. « Si, à l’international, la démarche est encore largement à faire connaître, en France, la certification HVE est déjà quasi nécessaire pour accéder à certains marchés et acteurs de la distribution, qui la réclament. Et, demain, partout, elle sera, j’en suis convaincu, un prérequis pour tous », analyse Gabriel Ruetsch. Cette démarche est en phase avec les aspirations actuelles où protéger l’environnement est au cœur des préoccupations. Il est temps de s’engager.