Test incendie grandeur nature : au cœur de « l’enfumage » de l’Opéra Bastille
Courant juillet, les experts de Bureau Veritas ont enfumé l’Opéra de Paris-Bastille. Un test grandeur nature pour vérifier que toutes les installations mécaniques de désenfumage de la grande salle fonctionnent parfaitement bien. Reportage, sur place, à l’occasion de cette journée pas comme les autres.
Après-midi de gala en ce jeudi 22 juillet 2021 à l’Opéra Bastille de Paris. Et pourtant, sur place, ni petits rats, ni chanteurs lyriques et encore moins de public. Mais de l’extraordinaire, assurément : un test incendie grandeur nature, orchestré par les équipes de Bureau Veritas sous l’impulsion de Mario LEOTTA, Responsable maintenance Opéra national de Paris, pour évaluer les capacités de désenfumage de la grande salle de l’Opéra. Vingt mètres de hauteur sous plafond, quarante mètres de large, trente-deux mètres de profondeur et, en temps normal, jusqu’à 2 745 personnes assises et sereines !
Simuler un départ de feu, au plus proche du réel
Cette batterie de tests a cette vocation. « Il s’agit de simuler un départ de feu, aussi proche que possible des conditions réelles », indique Lies Chikh, responsable d’opérations chez Bureau Veritas, qui a organisé l’exercice avec ses équipes et celle de l’Opéra. En utilisant un générateur de fumées, du type de ceux que l’on retrouve dans certaines boîtes de nuit, qui permettra de s’assurer que toutes les installations de désenfumage remplissent leur rôle : celui installé dans la grande salle de l’Opéra Bastille est programmé pour dégager entre 16 000 et 20 000 m3 de fumées, soit 500 m3 par minute dès le début des essais. « De quoi pouvoir rapidement apprécier l’efficacité du désenfumage, sans toutefois être excessif, un départ de feu n’impactant jamais l’ensemble du volume instantanément », précise Lies Chikh.
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Et comme il s’agit de « faire vrai », à cette fumée froide, ainsi générée, Bureau Veritas adjoint une source de chaleur : « Quatre litres d’éthanol, utilisés par phase d’un litre qui, une fois allumés, permettent de développer une puissance de feu de l’ordre de 70 kWa, soit l’équivalent d’un départ de feu », complète Lies Chikh.
Un système bien rôdé
Une fois tous ces éléments installés, il n’y a plus qu’à allumer le foyer. Allumer… et regarder ce qu’il se passe. Quinze à vingt minutes de tension maximale, à l’affut de la moindre défaillance éventuelle. Ce 22 juillet, il n’y en a pas eu, tout a fonctionné très correctement. La détection incendie s’est mise automatiquement en action, ce qui a immédiatement entraîné la mise en route du désenfumage de la salle.
« Notre mission consiste alors à vérifier la bonne diffusion de la fumée : il est primordial qu’elle monte tout droit, dans une belle colonne montante, pour s’évacuer vers le haut, et elle ne doit surtout pas stagner à hauteur d’homme ou se répandre sous les balcons par exemple », précise Lies Chikh. Les raisons en sont évidentes : sous un brouillard opaque, il serait bien plus difficile d’évacuer la salle, pour le public, et d’intervenir, pour les secours.
Au-delà des obligations légales
En parallèle, l’ensemble des systèmes de climatisation, susceptibles de perturber le mouvement naturel d’évacuation des fumées, s’arrêtent. Il faut aussi, au plafond, que les moteurs d’extraction qui vont extraire la fumée, fassent leur office. « Durant cet exercice, nous avions plusieurs objectifs. Le désenfumage a d’abord pour objet d’extraire, en début d’incendie, une partie des fumées et des gaz de combustion, afin de maintenir praticables les voies d’évacuation du public. Il doit aussi permettre de limiter la propagation de l’incendie et de faciliter l’intervention des secours », appuie Lies Chikh.
Tout le monde peut être rassuré après ce test grandeur nature qui va au-delà des simples obligations légales et pousse l’exercice plus loin qu’un rapport triennal, appelé RVRE (pour rapport de vérification réglementaire en exploitation), où Bureau Veritas intervient pour vérifier l’ensemble des moyens de secours.
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