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Ocean poisson

L’Intelligence artificielle (IA) part à la pêche

30 mai. 2024 - 2 min

Les algorithmes au secours de la biodiversité marine ? Face à la surpêche et à la délicate gestion des stocks de poissons, l’intelligence artificielle pourrait aider les acteurs de l’écosystème à mieux naviguer. Bureau Veritas travaille activement sur le sujet.

Sans ciré ni bottes en caoutchouc, l’intelligence artificielle s’apprête à embarquer à bord de bateaux de pêche. Dans l’océan Indien, quelques navires sont déjà équipés de caméras, dont les images servent à entraîner une IA. Objectifs de cette expérimentation : connaître avec une grande précision ce qui est pêché, et en quelle quantité, pour obtenir une vision plus claire des stocks. Des éléments précieux pour les armateurs, pour les scientifiques et pour le législateur, qui pourront plus finement déterminer les quotas pour éviter la surpêche et assurer le renouvellement des espèces. Des poissons comme la morue restent aujourd’hui menacés et récemment, l'anchois du golfe de Gascogne et le thon rouge de Méditerranée ont bien failli disparaître. Une meilleure information sur les prélèvements aidera à les préserver.

« Jusqu’à présent, nous pouvions nous fier aux déclarations du capitaine, qui peuvent toutefois être mises en doute, ou à des observateurs indépendants présents à bord. Leur présence est déjà obligatoire dans certaines zones, par exemple dans le golfe de Gascogne pour suivre les captures accidentelles de cétacées, précise Etienne Jarry, Manager des Opérations chez Bureau Veritas Living Resources. Mais impossible de déployer un observateur sur chacun des centaines de milliers de bateaux de pêche dans le monde ! En revanche, positionner des caméras aux endroits stratégiques du navire, transmettre les images par satellite puis les faire analyser par une intelligence artificielle donnera des informations massives et fiables sur les pêches réelles ».

Savoir tout ce qui sort des filets

Concrètement, les caméras sont installées de manière à filmer toutes les opérations de pêche, en évitant angles morts et zones non couvertes. Il faut pouvoir capter tout ce qui sort des filets, pour définir avec précision les quantités capturées, espèce par espèce. Mais aussi identifier les rejets, par exemple les poissons juvéniles interdits à la commercialisation et rejetés à la mer.

« Tout passe par la confiance. Cette solution ne vise pas à sanctionner mais à accompagner l’activité en préservant les océans. Un enjeu économique crucial pour l’avenir de la filière ! D’autant que la pression de la société civile ne doit pas être négligée : les consommateurs se montrent de plus en plus attentifs aux conditions de pêche et les ONG veillent. Un acteur de la grande distribution s’est récemment fait épingler en raison de la provenance de son thon. Même depuis les Philippines ou le Costa Rica, les bateaux de pêche doivent donc adapter leurs pratiques pour répondre aux exigences de leurs clients. »

 

Algorithme en cours de finalisation

Face à ces enjeux, Bureau Veritas entraîne actuellement un algorithme avec son partenaire Thalos. Tout se fait progressivement et en s’adaptant aux spécificités des pêcheries et des navires : il a d’abord fallu lui apprendre à détecter un poisson, puis une espèce parmi plusieurs, et enfin selon des quantités de plus en plus importantes. Plusieurs mois de travail seront encore nécessaires pour disposer d’une IA fiable et autonome, capable d’analyser les milliers d’heures d’images capturées sur les bateaux, et de certifier la véracité de la collecte de données et leur analyse.

À terme et à condition d’être récoltées de manière représentative partout dans le monde, ces données massives pourraient fournir de précieux renseignements aux scientifiques et aux autorités, pour mieux évaluer les réserves et les stocks, et adapter plus rapidement et finement les quotas et les zones d’interdiction, le temps que les poissons se reproduisent.

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