Bâtiments biosourcés : pourquoi les immeubles verdissent à vue d’œil ?
Bois, terre cuite, textile, chanvre…De plus en plus de bâtiments utilisent des matériaux biosourcés, d’origine végétale et animale. Une tendance qui devrait s’accentuer et qui pose certains défis aux acteurs de la construction.
Un peu partout en France promoteurs, architectes et entreprises générales remplacent le béton par du bois ou d’autres matériaux organiques. Ainsi les immeubles et les maisons qui sortent de terre verdissent à vue d’œil grâce à l’utilisation de matériaux biosourcés.
Mais de quoi parle-t-on exactement ? Il s’agit de matériaux d’origine végétale ou animale - encore appelés biomasse - tels que le bois, le chanvre, le colza, le textile recyclé, la balle de riz, la paille, le liège, le roseau, la laine de mouton... Grâce à leur propriété respirante ces matériaux présentent de nombreux avantage. En plus d’être de très bons isolants thermiques et phoniques - offrant un confort accru aux utilisateurs et résidents - ils répondent à l’urgence climatique : en jouant le rôle de « puits » à carbone. Enfin, ils sont facilement recyclables en cas de destruction du bâtiment (à la différence du béton par exemple).
Un label officiel
L’objectif est aussi d’utiliser des matériaux présents naturellement près des chantiers pour éviter l’impact du transport sur l’environnement. « L’objectif lorsqu’on construit des bâtiments biosourcés est aussi de réduire l’empreinte carbone des matériaux utilisés en favorisant les circuits courts et en utilisant du bois ou de la terre en provenance de la région », précise Olivier Porte, responsable des opérations de l’agence Bureau Veritas de Pau.
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Conscient des enjeux, l’Etat a décidé d’encadrer la démarche en créant en 2012, le label « bâtiment biosourcé ». Pour obtenir ce précieux sésame, un bâtiment doit comprendre un taux minimal de biomasse exprimé en kg/m² de surface de plancher. Par exemple, pour obtenir le label « bâtiment biosourcé, 1er niveau », une maison individuelle doit incorporer 42 kg par m2 de matière biosourcée, 63 kg par m2 pour être labellisée niveau 2 et 84 kg par m2 pour le troisième niveau.
Une véritable volonté politique
L’utilisation de ces matériaux biosourcés et bien souvent encouragée par les collectivités territoriales qui cherchent à diminuer leur bilan carbone.
« C’est aussi souvent une volonté politique, confirme Pierre Zanetti, chef de service contrôle Technique chez Bureau Veritas. Par exemple à Bordeaux pour la construction de la ZAC dans le quartier de la gare, le cahier des charges stipule que les constructions doivent contenir 50 % de bois. »
Une demande qui devrait encore se renforcer avec l’entrée en vigueur au 1er janvier 2021 de la Réglementation Environnementale 2020 (RE2020), dont l’objectif principal est de diminuer significativement les émissions de carbone du bâtiment grâce, entre autre, à l’utilisation matériaux biosourcés.
De nouveaux défis pour les entreprises du secteur de la construction
Conscients de leur empreinte environnementale, les promoteurs n’ont d’autres choix que de s’adapter. « C’est aussi positif pour eux en termes d’image, ils peuvent aussi bénéficier de subventions et valoriser leur bien lors de la revente », souligne Pierre Zanetti. Mais l’utilisation de ces matériaux non conventionnels pose souvent d’importants défis aux maitres d’œuvres. « Avec son expertise technique, Bureau Veritas Construction accompagne ses clients dans l’utilisation de ces nouveaux matériaux et facilite ainsi le développement de nouveaux modes de construction », explique Pierre Zanetti.
Cela a été le cas avec la construction d’un bâtiment de 2 700 m2 destiné à accueillir les 400 étudiants du département Génie civile et Construction durable de l’IUT de Tarbes. Un chantier de 7,25 millions d’euros cofinancés par la région Occitanie, la Communauté d'agglomération Tarbes-Lourdes-Pyrénées et des fonds européens. Dans sa charte, la Région avait imposé que le bâtiment soit un modèle de construction durable. « Les murs extérieurs du projet retenu sont fabriqués en pisé, c’est à dire à base de terre crue séchée à l’air libre, explique Olivier Porte. Or nous n’avons pas de recul sur ses matériaux encore très peu utilisés en France. Notre mission a été de certifier la solidité de ces murs d’un point de vue sismique. »
Bureau Veritas a également été mandaté pour certifier la construction d’une école de quatre étages dont les murs sont construits en terre et paille. « Cela posait beaucoup de question en termes de solidité et de sécurité incendie », résume Pierre Zanetti.
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