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En une dizaine d’années, le Building Information Modeling (ou BIM) s’est imposé comme un des outils privilégiés dans l’architecture et la construction. Stéphane Dufour, responsable BIM chez Bureau Veritas, explique les raisons de ce succès, et notamment l’effet du confinement sur son adoption.

Comment le BIM est devenu le langage universel de la construction

5 sep. 2020 - 2 min

En une dizaine d’années, le Building Information Modeling (ou BIM) s’est imposé comme un des outils privilégiés dans l’architecture et la construction. Stéphane Dufour, responsable BIM chez Bureau Veritas, explique les raisons de ce succès, et notamment l’effet du confinement sur son adoption.

Nous en avons déjà parlé à l’occasion de l’inauguration de la gare de Nîmes-Pont-du-Gard : la maquette numérique BIM est un outil désormais essentiel dans toutes les étapes de la vie d’un bâtiment, de sa programmation à sa déconstruction en passant par sa maintenance. Concrètement, il s’agit de modéliser une maquette numérique en 3D, à laquelle on peut ajouter diverses données aux objets créés (mur, conduite d’air, isolant…). Cette valeur informationnelle supplémentaire est ensuite utilisable par tous les acteurs impliqués dans le projet.

Pour expliquer ce succès, puisque la France est le troisième pays d’Europe en termes d’adoption du BIM (30% de projets immobiliers réalisés en BIM en 2017, meilleure progression en gagnant 5 places dans le monde), il faut comprendre que la construction a connu peu d’évolutions depuis le début du XXe siècle, contrairement à d’autres industries comme l’automobile ou l’aéronautique, où l’automatisation et l’intégration du numérique ont pu augmenter la productivité. Les outils BIM, qui existent depuis le début des années 1990 mais nécessitaient alors des machines et des logiciels très coûteux, apparaissent vers la fin des années 2000 comme une réponse adaptée à ce retard technologique.

Le BIM, une technique de plus en plus répandue

Au Royaume-Uni, entre 2011 et 2013, le taux d’utilisation du BIM par les professionnels de la construction passe du simple au triple. Un phénomène que Stéphane Dufour,  explique par l’intervention des pouvoirs publics : “En 2011, le gouvernement britannique a mis en place une stratégie décrétant que d’ici l’année 2016, l’ensemble des marchés publics du pays nécessitait du BIM de niveau 2, qui implique la collaboration de toutes les équipes d’un même projet immobilier autour d’une maquette BIM unique, les obligeant donc à échanger davantage. Cette initiative gouvernementale a poussé les acteurs du bâtiment à se mettre à niveau sur le BIM, ce qui a également permis sa popularisation.

La France connaît un engouement similaire au même moment, mais sans véritable standardisation : il y a quasiment autant de méthodes que d’acteurs. Ce qui est regrettable, puisque la demande en BIM est importante et que l’un de ses avantages réside dans sa capacité à faire intervenir l’ensemble des parties prenantes d’un chantier sur une seule et même modélisation. « La période de confinement, et donc d’adoption massive du télétravail a permis de démocratiser de nombreux outils numériques, continue le responsable BIM. Cette période a forcé le trait, notamment en matière de BIM. On voit qu’il est en train de s’étendre largement : son usage a, ces derniers mois, été accéléré en France. » Une tendance qui devrait encore accélérer ces prochains mois d’après l’expert : « les maîtrises d’œuvres vont démocratiser cette façon de concevoir leurs projets, les chantiers également, et nous en mesurerons les effets chez Bureau Veritas, d’ici quelques mois ».

Par ailleurs, de nouvelles façons de concevoir, d’extraire et d’analyser la donnée voient le jour. Les logiciels de gestion électronique de documents (GED), ont évolué vers des plateformes plus performantes pouvant simplifier la gestion documentaire et l’analyse des modèles 3D. Des superviseurs de maquettes, des B.O.S. (Building Operating System), véritables systèmes d’exploitation du bâtiment, intègrent les données générées par les objets connectés du bâtiment (sondes, détecteurs, capteurs,…) pour proposer de nouvelles façons de l’exploiter (gestion des espaces, ticketing, optimisation du confort et des consommations,…) Les B.O.S. permettent également de vérifier le bâtiment, de le corriger automatiquement dès les phases de conception, dans le respect des règles imposées par les différents documents BIM et la réglementation. Tous ces automatismes évitent de nombreuses difficultés pouvant générer des surcoûts et des retards en phase chantier. Icheck for building – une solution Bureau Veritas entre dans cette lignée.

L’auto-contrôle avec " icheck FOR BUILDING - UNE SOLUTION BUREAU VERITAS" 

Conçu comme “le correcteur orthographique de la maquette numérique en 3D”, icheck for building – une solution Bureau Veritas se sert des maquettes numériques pour mettre en évidence les erreurs des projets sous certains aspects réglementaires. Lorsqu’il dessine les plans d’un bâtiment, l’architecte doit prendre en compte de nombreuses normes. Lors de cette phase de conception, la solution met en lumière en temps réel les aménagements architecturaux à modifier pour que le plan soit effectivement conforme à la réglementation. Ces opérations en amont évitent les retards de chantier et les coûts supplémentaires qu’une erreur non détectée pourrait entraîner.

Une nouvelle version du logiciel est actuellement en train d’être lancée autour des aspects liés à la sécurité incendie. « Après un premier plugin dédié à l’accessibilité pour les personnes en situation de handicap, nous lançons maintenant un nouvel outil pour les utilisateurs de Revit, contrôlant le respect de la réglementation en matière de sécurité incendie dans les logements », explique Guylaine de Souza, chef de projet BIM chez Bureau Veritas. Concrètement, en activant ce plugin, l’utilisateur de la maquette numérique se verra notifié les éventuels manquements réglementaires : un mur non conforme, un degré coupe-feu non respecté, les distances d’évacuation… Au total, une cinquantaine de règles principales (régulièrement mises à jour en fonction de l’évolution de la réglementation) sont intégrées permettant un important gain de temps pour les différentes parties prenantes, en évitant les nombreux allers-retours avec le bureau de contrôle. Disponible pour les logements dans un premier temps, nous espérons une généralisation du plugin aux ERP (établissements recevant du public). Et Stéphane Dufour envisage déjà une gamme complète d’outils adossés à icheck for building – une solution Bureau Veritas : “J’imagine très bien dans un futur proche une multitude de plugins, chacun correspondant à une mission de contrôle technique, pour vérifier différentes normes : acoustique, solidité, thermique…”…

Ces plugins, existants ou à venir, sont là pour rassurer très tôt dans les phases de conception les architectes et les acteurs de la construction avant l’intervention du contrôleur technique.

Le BIM pour calculer l’empreinte carbone d’un bâtiment

Parmi les nouveaux usages envisagés, le green building, qui permet de prendre en compte l’empreinte carbone d’un bâtiment et de ses matériaux avant sa construction, et le taux de recyclabilité des matériaux ou des éléments avant déconstruction, sont au cœur des discussions. Mais il reste du chemin à parcourir avant d’en arriver là : “Le BIM, c’est 80% d’humain : de la discussion et des échanges avant tout; les outils numériques ne font qu’exécuter le produit de ces collaborations”, précise Stéphane Dufour. “C’est pour cela que nous avons besoin d’une homogénéisation des compétences BIM du secteur construction, à l’échelle nationale. Le Plan BIM 2022 encourageant une standardisation des pratiques et l’intégration de l’intelligence artificielle ou la blockchain est pensé en ce sens.

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