Ces applications de réalité augmentée vont vous faire voir la formation en entreprise différemment
En plaquant du virtuel sur un environnement réel, la réalité augmentée permet toutes les expérimentations. Elle offre de nouvelles perspectives en matière de formation des salariés. Manipuler une armoire électrique devient tout de suite moins dangereux… Explications dans le MagBV.
Connaissez-vous le lien entre le jeu Pokemon Go et la formation en entreprise ? Car il y en a un : c’est la réalité augmentée. Ce principe, qui vise à superposer une réalisation numérique sur du réel, est bien connu des utilisateurs de Pokemon Go, jeu créé en 2016 et qui s’est vite révélé comme un véritable phénomène de société, avec plus de 100 millions de téléchargements quelques semaines après son lancement. En parallèle, la réalité augmentée fait son apparition dans des univers professionnels, tant elle a d’usages différents, en permettant de changer l’environnement.
Pour améliorer les processus de réparation des ascenseurs, Thyssen Krupp s’appuie sur le casque de réalité augmentée Hololens. Equipé du casque, le technicien situé devant un ascenseur peut bénéficier de l’aide d’un ingénieur qui va indiquer les éléments à changer en les faisant apparaitre en surbrillance ; il va pouvoir détourer un outil ou un câble à rebrancher, etc. Et le tout à distance, ce qui évite d’envoyer des experts à l’autre bout du pays. Le potentiel est gigantesque, notamment en matière de formation. En partenariat avec Holoforge, Les laboratoires pharmaceutiques UPSA utilisent également ces fonctionnalités, très pratique compte tenu des contraintes liées à la fabrication de médicaments.
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Avec ce casque de réalité augmentée, la formation des salariés peut se faire sans avoir besoin d’interrompre l’activité ni d’accéder aux lignes de production. Et l’expérimentation virtuelle est assimilée beaucoup plus facilement et rapidement. Lors de ces scénarios pédagogiques, 5 minutes de formation sur l’application représentent l’équivalent de la lecture de 50 pages de manuels d’instruction papier.
Dans un tout autre domaine, et avec un matériel beaucoup plus abordable, « Bureau Veritas France est à l’origine d’une première mondiale en la matière, avec une formation en réalité augmentée destinée à obtenir l’habilitation électrique pour les domaines de basse tension » explique Guillaume Laurent, responsable développement et formation France chez Bureau Veritas. « C’est de la pédagogie par l’erreur, et par la répétition des gestes. Et avec ce nouveau média complémentaire, il y a un côté ludique » Comment ? A l’aide d’un simple iPad, les stagiaires peuvent réaliser des « missions » pour valider certains aspects théoriques et pratiques. Une armoire électrique virtuelle apparait sur l’écran de l’iPad, comme si elle était posée dans un endroit donné de la pièce. Les stagiaires devront ensuite réaliser différentes missions (3 ont été définies pour le moment, avec 2 niveaux de difficulté), en sélectionnant des actions ou objets à manipuler sur l’écran, pour agir sur l’armoire électrique virtuelle. Ce qui signifie tourner autour d’elle, repérer les branchements à effectuer ou les coupures de courant à opérer. « La première étape sera par exemple de choisir ses EPI (équipements de protection individuelle) et ses outils pour changer un composant. La personne aura devant ses yeux une étagère avec une multitude d’outils et une sélection à effectuer » ajoute Guillaume Laurent. Le système présente d’innombrables avantages pratiques. Pour 10 stagiaires à former, il suffit de 10 tablettes.
Sur un plan pédagogique, la réalité augmentée intervient à deux niveaux. Sur la théorie, elle permet de former et d’instruire, avec par exemple un QCM sur le choix du matériel avant une intervention.
Quels outils sélectionner, comment vérifier que la paire de gants utilisée est en bon état avec une vidéo d’explication pour chaque réponse ? Sur la partie pratique, elle apporte des savoir-faire, et permet une mise en situation sans danger, tout en apportant des compléments sur l’analyse du risque. Il devient possible de recréer des situations complexes, et ce, plusieurs fois de suite si nécessaire, ce qui est beaucoup plus difficile à réaliser dans la réalité quand il faut reconfigurer une installation électrique. « Ici, ce sont les installations qui viennent à vous. Il y a une notion de répétition du geste, les apprenants pouvant faire plusieurs essais. Cette digitalisation de la formation permet d’améliorer l’efficacité, en autorisant l’apprentissage par l’erreur et la répétition » souligne Guillaume Laurent. Grâce au virtuel, la simulation d’une électrocution ou la formation d’un arc électrique sont rendus possibles lors d’une mauvaise manipulation, et ce sans conséquence. Simulations qui sont bien entendu strictement interdites lors d’une formation classique.
Les domaines où la formation peut bénéficier de cette technologie sont multiples, et couvrent l’aéronautique, l’automobile ; le seul frein étant celui de recréer virtuellement des éléments et leurs interactions (chaînes de production, chariot élévateur, etc.). Autre atout de la tablette qui sert de support pédagogique : identifier plus facilement les vecteurs d’incompréhension et d’erreurs avec les données récoltées sur chaque stagiaire (temps passé sur chaque exercice, debriefing des interventions). Et pour rendre l’exercice plus ludique, un système de gamification a été mis en place, avec des points à gagner à chaque étape.
Testée plusieurs mois en Ile-de-France auprès d’apprenants de plusieurs clients, cette formation en réalité augmentée s’intègre dans l’habilitation électrique pour les indices d’habilitation pour électricien basse tension. Mais la validation finale passe néanmoins par une épreuve pratique et bien réelle.
Qui, après s’être fait la main virtuellement, ne devrait être qu’une formalité.