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Photographie d'un éleveur porcin nourrissant ses bêtes dans un enclos extérieur.

Ces éleveurs, maraîchers et producteurs convertis au bio

2 jan. 2019 - 2 min

L’engouement des Français pour le bio encourage les producteurs à transformer leurs exploitations. Les règles sont strictes pour obtenir le label « AB », et les manières de travailler sont profondément modifiées. Avant d’obtenir le label, les agriculteurs doivent faire leur preuve pendant 2 à 3 ans. Reportage.

Un raz-de-marée. Le nombre de producteurs certifiés Agriculture biologique (AB) est passé de 11 293 en 2002 à 36 664 fin juin 2016. Soit plus de trois fois plus. Fin 2017, la surface cultivée en agriculture biologique était estimée à plus de 1,75 million d’hectares, soit 36 % de plus qu’en 2015.

« La France, qui était en décalage avec ses voisins européens en terme de production biologique, est en train de rattraper son retard », analyse Gilles Billon, chargé d’affaires Agriculture biologique chez Bureau Veritas Certification. Ainsi, la France se place en troisième position, derrière l’Espagne et l’Italie, dans le classement européen des superficies en agriculture biologique.

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Courbe de l'augmentation des terres bio en France

« Cette hausse s’explique par la demande croissante des consommateurs pour des produits bons pour l’environnement et leur santé, poursuit Gilles Billon. Mais aussi par une réelle volonté des agriculteurs de produire différemment, en lien avec les attentes sociétales. »

Éleveur de porcs bio à Lanfains, près de Guingamp (Côtes d’Armor), Gilles Alléno est dans ce cas. « La vaporisation de produits phytosanitaires était le point noir de mon métier, explique le producteur qui cultive également des céréales. » 

Une phase de réflexion

« Beaucoup des producteurs qui se convertissent au bio ont déjà réfléchi à ces questions. Les plus engagés ont déjà des pratiques proches de ce que demande le cahier des charges AB », a constaté Gilles Billon, de Bureau Veritas Certification. Ainsi, Laurent et Isabelle Cnudde ont privilégié l’utilisation de produits naturels dès le lancement en 2001 de leur activité de maraîcher à Esquennoy (Oise), à quelques kilomètres d'Amiens.

« Nous voulions être en accord avec nos convictions, explique Laurent Cnudde. Dans un premier temps, nous n’avons pas ressenti le besoin d’officialiser ces pratiques en demandant la certification, car nous vendions nos produits au niveau local. » 

Changer de mode de production

Le couple décide de se convertir en avril 2016. Le déclic ? « Nous avons commencé à vendre nos légumes aux citadins, en passant notamment par le réseau La Ruche qui dit oui. Or, ces nouveaux clients réclament des garanties sur les produits », explique Laurent Cnudde.

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Producteurs sur leur exploitation de légumes et céréales biologiques

Les producteurs de légumes, comme l’ensemble des agriculteurs, sont de plus en plus nombreux à se convertir à un mode de production biologique.

Gildas Alléno, quant à lui, s’est décidé en mars 2016 suite aux crises de surproduction dans la filière porcine en 2014 et 2015. « Il fallait que j’évolue d’une manière ou d’une autre, raconte l’éleveur. J’avais deux choix : doubler la taille de mon exploitation, ou changer radicalement de mode de production. J’ai opté pour la seconde option. » 

Tout reconstruire

Un choix audacieux pour un producteur de la filière porcine. « La difficulté pour les maraîchers et les céréaliers est de se ré-approprier leur métier à travers de nouvelles techniques exigeant une meilleure anticipation, ou une nouvelle organisation », analyse Gilles Billon, de Bureau Veritas Certification.

Ainsi, Gildas Alléno a dû aménager des enclos plus spacieux et des accès à l’extérieur, comme l’exige la certification Agriculture biologique. « Il y a aussi des modifications qui ne sont pas exigées par le label, explique l’éleveur. J’ai par exemple renouvelé mon cheptel d’animaux pour me tourner vers une race adaptée à la vie en liberté. »

De plus, les dispositions du cahier des charges bio sont parfois très complexes. « La réglementation peut nécessiter des clarifications, explique Gilles Billon. En plus de contrôler les exploitations, les inspecteurs de Bureau Veritas peuvent répondre aux interrogations des agriculteurs en conversion. Ils contribuent ainsi au développement de la filière bio. »

Les étapes de l’obtention du Label bio.

Avant d’obtenir le label Agriculture biologique, une exploitation doit passer par une phase de transition, appelée « conversion ». La conversion se déroule en 2 ans pour des cultures annuelles (grandes cultures, maraîchage…) et en 3 ans pour des cultures pérennes (vergers, vignes…).

Côté élevage, les animaux présents sur l’exploitation au premier jour de conversion sont convertis en moyenne sur 2 ans.

Dès le début de cette phase de conversion, les pratiques des agriculteurs doivent être conformes à la réglementation de l’agriculture biologique.

La fréquence de contrôle minimale appliquée en France sur les exploitations agricoles est de 1,5 audit par an(soit 3 contrôles en 2 ans). 10 % de ces audits sont des visites inopinées.

Au terme de la période de conversion, les producteurs se voient attribuer un certificat leur permettant de communiquer le code de l’organisme certificateur et le logo européen Agriculture biologique.

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