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Vue aérienne du Grand Palais

L’incroyable mue du Grand Palais pour 2024

12 sep. 2018 - 3 min

Un chantier de 4 ans, un budget de 466 M€ : c’est d’une restauration complète, accompagnée d’une transformation, que va bénéficier le Grand Palais. Et pas question de perdre du temps : le bâtiment emblématique, construit pour l’exposition universelle de 1900, doit être prêt pour accueillir des compétitions des Jeux d'été en 2024. Ce qui n’empêche pas la rigueur : solidité, sécurité et conformité aux normes sont pris en compte dès les premières phases du projet.

En bas des Champs-Elysées, le Grand Palais – bâtiment emblématique de la capitale, reconnaissable à sa vaste coupole elliptique en verre – est un site « 3 en 1 ». Il se compose de la Nef qui accueille de grandes manifestations, des Galeries nationales où sont organisées les plus grandes expositions et du palais de la Découverte dédié aux sciences pour les enfants. Des vocations multiples, une architecture remarquable et une implantation sur les Champs-Elysées : des atouts qui ont attiré au Grand Palais 1,4 millions de visiteurs en 2017.

Aujourd’hui le Grand Palais fait l’objet d’une restauration en profondeur. Un chantier à la hauteur de la vocation initiale du bâtiment, construit pour éblouir les visiteurs de l’exposition universelle de 1900. Le budget de ce projet pharaonique atteint 466 M€, financés conjointement par l’Etat, l’emprunt et le mécénat. Et sur les 4 années prévues de travaux, plus de 2 imposeront une fermeture complète, de décembre 2020 à mars 2023 (réouverture partielle). Les travaux seront totalement achevés, et le Grand Palais ouvert en totalité en 2024 : il accueillera alors les épreuves d’escrime et de taekwondo.

Une restauration qui sera plus longue que la construction

Si 4 ans de travaux sont prévus pour ce bâtiment qui avait été construit en 3 ans, c’est d’abord parce le bâtiment exige des travaux de structure. La ministre de la culture Françoise Nyssen n’hésite d’ailleurs pas à affirmer « Si nous n’agissons pas, le Grand Palais est en péril » . De plus, le chantier est compliqué par la nature du bâtiment, classé, et par la volonté de limiter la durée de fermeture. « Il est toujours plus complexe de restaurer que de construire. Plus encore lorsqu’il s’agit d’un bâtiment historique, dont il faut préserver l’architecture, les façades… Dans le cas du Grand-Palais, la durée des travaux sera également plus importante de par la nature de ces derniers surun site partiellement occupé, ce qui entraine des contraintes supplémentaires liées à la sécurité du personnel et des visiteurs » explique Anne-Christelle Dahan, directrice de région pour Bureau Veritas Construction. 

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Simulation de l'interieur du futur Grand Palais

Grand Palais, la Rue des Palais, simulation 2018 © LAN

Remettre aux normes et sécuriser le bâtiment

La restauration a tout d’abord pour objectif de solidifier et sécuriser le bâtiment, et en particulier :

  • de « restaurer le clos et le couvert ». Le bâtiment, qui n’avait fait l’objet d’aucune restauration en profondeur, a besoin de véritable réparations de la toiture et de la verrière, des menuiseries extérieures, etc.
  • de mettre en sécurité tous les espaces avant de les rendre au public : de nombreux espaces (galeries, balcons…) étaient fermés au public, car ils ne répondaient pas aux exigences de sécurité ou n’étaient plus conformes aux normes (incendie en particulier) ;
  • de rendre l’ensemble du Grand Palais accessible aux personnalités à mobilité réduite : plusieurs escaliers aujourd’hui sont inaccessibles, sans qu’une solution alternative, comme un ascenseur, ne soit prévue.

Par ailleurs, des travaux seront réalisés pour améliorer la régulation thermique de la Nef : autour de la verrière, la température peut dépasser les 50°C en été, baisser jusqu’à -5°C en hiver. Les bureaux d’études travaillant sur le projet doivent proposer une solution pour isoler ces zones soumises à des variations de température très fortes.

Hassan
Mirdass

Chef de projet supervisant l’intervention au Grand Palais

Bureau Veritas Construction

Le projet est ambitieux et impacte la structure même du bâtiment : cela exige une vigilance extrême pour assurer sa solidité, avant même de vérifier le respect des normes

 

La « rue des Palais », du Nord au Sud

C’est aussi la solidité de la structure elle-même qui doit être assurée, en tenant compte des projets d’aménagement prévus. En effet, à l’occasion de cette restauration, l’ensemble du lieu, ses volumes et sa circulation vont être repensés. Deux auditoriums, un toit-terrasse avec vue sur les toits de Paris, et une plateforme logistique vont être créés. Les 3 700 m2 de balcons vont redevenir praticables, et la capacité totale du Grand Palais va augmenter de 30 %. La jauge de la Nef va doubler : elle pourra auccueillir simultanément 11 000 personnes, contre 5 600 aujourd’hui.

Mais le plus gros chantier sera la création d’une artère centrale nord-sud, appelée « rue des Palais », à la fois en soubassement et au rez-de-chaussée. La création de cette artère, qui desservira des espaces d’accès libre et gratuit pour attirer de nouveaux publics, un espace d’exposition, une librairie et une cafétéria, va entrainer des changements majeurs. Lesquels peuvent remettre en question la structure du bâtiment. « Des éléments existants vont être cassés et remplacés, on va creuser en grande profondeur dans un sol toujours humide en raison de la proximité de la Seine… Les fondations ont bien été renforcées dans les années 2000, mais pas dans l’optique d’un tel projet. Alors nous avons  émis un avis défavorable à la solution proposée initialement dans l’Avant Projet Sommaire, demandant au bureau d’étude de revoir sa copie. Refuser ainsi une solution n’est pas une décision facile : les conséquences étaient importantes sur le coût et le timing du projet (30 M€ et 4 mois supplémentaires). Mais notre responsabilité est de veiller à la sécurité, à la solidité et à la conformité du projet. Et cela dès les phases de conception. Une responsabilité que nous assumons » explique Hassan Mirdass, Chef de projet qui supervise l’intervention de Bureau Veritas Construction au Grand-Palais.

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Sous la verrière du Grand Palais

Sécuriser le projet dès la conception

Les travaux visent aussi à repenser et optimiser les espaces. Par exemple, la surface de la galerie d’exposition du Grand Palais sera augmentée, une plateforme logistique et deux auditoriums vont être créés, une terrasse sera aménagée sur le toit… 

Au printemps 2018, l’APS (Avant Projet Sommaire) est validé et les équipes travaillent sur l’APD (Avant Projet Détaillé). Les solutions techniques qui seront mises en œuvre ne sont donc pas encore connues en détail. Mais il faudra parfois faire preuve d’ingéniosité et trouver des solutions innovantes, voire réaliser des prouesses techniques, pour concilier la vision de l’architecte – l’agence LAN, lauréate du concours lancé pour le volet aménagement – avec les exigences de l’architecte des monuments historiques, le respect des exigences de sécurité, des normes et réglementations… 

Pour sécuriser le projet au fil de son avancement, deux réunions sont organisées chaque mois, réunissant les bureaux d’études, le maitre d’ouvrage (RMN-GP, Réunion des Musées Nationaux – Grand Palais), le maitre d’ouvrage délégué (Oppic, Opérateur du Patrimone et des Projets Immobiliers de la Culture), et les experts de Bureau Veritas. « Pendant ½ journée, nous répondons ainsi aux questions et donnons notre avis sur des points précis, et sur des thématiques variées : la solidité de la structure, la sécurité incendie, la performance thermique, l’installation électrique… Le volet le plus complexe est le volet géotechnique, car le projet prévoit la création d’un sous-sol » explique Hassan Mirdass. 

Laurence Théry

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