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Inspection à distance

En route pour les inspections à distance

20 avr. 2020

Face à la crise sanitaire et à l’impossibilité de se déplacer, Bureau Veritas France a mis au point une technique d’inspection à distance via des lunettes connectées aux avantages nombreux. Explications.

Les lunettes, ça peut aider à voir de loin, et quand elles sont connectées, on peut même voir à l’autre bout du monde ! C’est une méthode d’inspection pour le moins originale que Bureau Veritas France déploie du fait de la crise sanitaire. Le confinement mondial en cours limite le déplacement des inspecteurs in situ pour évaluer des installations, ou surveiller la conformité des fabrications ou des essais. Mais ça, c’était avant !

“Les inspecteurs de Bureau Veritas France et les techniciens des entreprises travaillent souvent ensemble sur un site particulier, expose Jean Sébastien Gros, Chef de service dans le Laboratoire Métallurgie et Centre d’usinage pour Bureau Veritas. Mais du fait de la situation actuelle, seul le technicien peut être sur place”.
L’idée ? Réaliser la surveillance par procuration... Le technicien dans l’atelier porte des lunettes connectées, dotées de caméra, qui filment la scène en direct. A l’autre bout du fil, l’inspecteur voit les images en temps réel sur son écran d’ordinateur. Les deux communiquent via un dispositif sonore. A distance, l’inspecteur peut assister en totale interactivité à ce que voit le technicien, lui commander d’exécuter des mouvements particuliers, de jeter son regard sur des zones précises, et d’analyser les détails presque comme s’il y était.

“C’est un vrai gain de temps, et cela permet de surveiller plusieurs sites en même temps, par exemple, ou d’aider à la coordination des équipes, en s’affranchissant les délais de transport” ajoute Jean-Sébastien Gros.

Elargir ses horizons depuis son lieu de travail

Autre exemple dans le Nucléaire avec EDF. Dans le cadre de la construction de deux réacteurs nucléaires de type EPR en Angleterre (Hinkley Point C), des échangeurs de chaleurs sont fabriqués en Chine par la société Morimatsu. Mais certaines étapes doivent être validées par un département interne à EDF: l’Organisme d’Inspection des Utilisateurs (OIU). “Au titre de l’évaluation de conformité, l’OIU se charge non seulement d’une revue de documentation, mais doit également assister à certaines opérations, comme celles dédiées soudage ou aux essais non-destructifs. Il réalise alors régulièrement des examens et inspections en usine pour attester du respect des procédures et du référentiel en lien avec les exigences essentielles de sécurité”, détaille Sovana Lim, Chef du pôle des Inspections Réglementaires des Fabrications.

Mais avec la crise sanitaire en cours, impossible de se déplacer, surtout à l’international. Cependant, ces EPR sont un projet phare pour le groupe français, et EDF ne souhaite pas que le projet prenne du retard “Nous avons donc proposé à l’OIU avec qui nous travaillons régulièrement, qu’un de nos inspecteurs sur place, de notre bureau de Shanghai, se déplace sur le site, équipé de lunettes connectées, afin d’assister aux opérations de fabrication”, raconte Denis Bourguignon, Nuclear technical and development manager pour Bureau Veritas.

Une expérience de travail immersive

Le protocole reste défini par l’OIU d’EDF, mais Bureau Veritas France agit ici comme un tiers de confiance et s’assure de la pleine conformité des actes pratiqués.

“L’inspecteur de l’OIU, devant un PC, assiste à toute l’opération. Il peut demander d’exécuter un focus sur un détail, d’effectuer des mesures, ou de relever des données techniques d’étalonnage”, explique le spécialiste. Le procédé est bien plus immersif qu’une simple caméra posée dans un coin. Une image fixe ne donnerait pas ce rendu et ne permettrait pas “d’embarquer” l’inspecteur dans l’évaluation. Ici, il vit pleinement les choses à distance. Il peut partager et échanger avec l’inspecteur de BV via le téléphone, en même temps : c’est une inspection en tandem.

De nombreux avantages

Outre l’aspect pratique de pallier l’impossibilité de se déplacer en pleine crise mondiale, le procédé offre de forts avantages et pourrait être déployé sur de nombreux projets. “Il permet d’éviter à l’inspecteur de se déplacer sur le terrain, ce qui, lorsque cela se déroule à l’autre bout du monde, demande au minimum trois jours pour une opération”, avance Denis Bourguignon. Un gain de temps énorme, mais aussi d’argent, voire d’empreinte carbone du fait du voyage en avion économisé... “Cela permet aussi à différentes équipes de se coordonner plus facilement”, ajoute-t-il. Lorsqu’un inspecteur doit valider différentes opérations qui ont lieu dans des lieux de fabrications différents, les équipes économisent le temps de déplacement, et n’ont plus à attendre son arrivée avant de lancer les procédures. Fini les retards de délais ?

Toujours est-il que la technique intéresse de nombreuses entreprises. Et d’autant plus que les contraintes techniques peuvent être surmontées. “La plus grande question est celle de la connexion. Il faut que l’atelier possède une bonne connexion Wifi ou que la 4G soit accessible, afin d’obtenir une bonne qualité d’image”, concède Denis Bourguignon.

Autre point sensible : le son. Face au bruit des ateliers, il faut pouvoir discuter convenablement et s’entendre correctement. A noter, les aspects sécurité qui sont à bien appréhender pour gérer les interactions à distance pouvant générer des risques.

Enfin, la seule question en suspens reste celle des décalages horaires, mais pour cela, il n’y a pas d’autres réponses techniques que de se lever de bonne heure !

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